Le prix des pièces détachées : un enjeu central pour la réparabilité des produits
Le prix des pièces détachées joue un rôle crucial dans la réparabilité des produits. Bien qu’un produit soit techniquement réparable, un coût élevé des pièces peut dissuader les consommateurs de le réparer. Chez LONGTIME®, nous intégrons ce critère dans nos évaluations afin de promouvoir la durabilité des produits.
Améliorations préconisées sur le prix des pièces détachées dans l’indice de réparabilité français et la norme EN 45554
Indice réparabilité français
L’indice de réparabilité français inclut le prix des pièces détachées en comparant le coût de la pièce la plus chère à la moyenne des prix des autres pièces. Cependant, des organisations telles que HOP, iFixit et Right to Repair préconisent une méthodologie plus précise et nuancée, avec laquelle LONGTIME® est en accord :
– Pièce détachée < 10 % du prix du produit : Score de 10 points.
– Pièce détachée > 30 % du prix du produit : Score de 0 point, avec des seuils intermédiaires.
Norme européenne EN 45554
Quant à elle, la norme EN 45554 constitue aujourd’hui une base de référence pour évaluer la réparabilité, la réutilisabilité et l’amélioration des produits électriques et électroniques. Cependant, des acteurs comme le label LONGTIME® et le logiciel Repairability vont au-delà des critères de cette norme en intégrant des paramètres essentiels comme le prix des pièces détachées.
En effet, la norme EN 45554 définit les méthodes permettant d’évaluer la capacité des produits à être réparés et réutilisés. Elle inclut des critères tels que la facilité de démontage du produit et la disponibilité des pièces détachées et des informations de réparation.
Cependant, cette norme n’inclut pas le prix des pièces détachées, un facteur pourtant déterminant pour les consommateurs. Factuellement, un produit techniquement réparable sera remplacé si les coûts de réparation sont trop élevés.
Projet de recherche d’application de la norme EN 45554 aux machines à café
Une étude scientifique intitulée « Repair Index of Energy-Related Products: Application to Capsule Coffee Machines » a récemment analysé l’application de la norme EN 45554 en appliquant la méthodologie aux machines à café à capsules. Les chercheurs ont identifié plusieurs améliorations potentielles, notamment une majeure : incorporer le prix des pièces détachées. L’étude propose de mesurer le coût moyen des pièces essentielles par rapport au prix total du produit. Cela s’aligne avec des approches comme l’indice français de réparabilité, mais étend leur application.
Le nouvel indice européen et la norme : des lacunes à combler
Malheureusement, le nouvel indice européen de réparabilité, basé sur la méthodologie de la norme EN 45554 qui classe la réparabilité des produits en classes de A à E, n’inclut pas le critère du prix des pièces détachées. LONGTIME® milite pour l’intégration de ce paramètre essentiel afin d’encourager des pratiques plus responsables et de réduire les obstacles à la réparation.
Les décisionnaires justifient l’exclusion des prix des pièces en raison de leur variabilité dans le temps et de leur impact limité (0,5 point) sur la note globale.
Pourtant selon nous cet argument n’est pas recevable : le prix des pièces est un facteur déterminant de la réparabilité, comme l’a démontré l’indice français. Une pondération adaptée pourrait accorder à ce critère une importance proportionnelle. Les fabricants devraient publier un prix maximum des pièces avant l’achat sur leurs documents et sites Internet.
LONGTIME® et le logiciel Repairability : des approches exigeantes
LONGTIME® applique cette même méthodologie EN 45554 dans son logiciel Repairability, et dans les critères du label tout en adoptant une posture encore plus stricte.
Pour approfondir le sujet, LONGTIME® a réalisé une étude approfondie en simulant 8 scénarios différents de prix des pièces pour évaluer les diverses méthodes d’analyse des prix des pièces détachées. Les résultats confirment que notre approche est à la fois robuste et pertinente.
Par exemple, un produit très réparable techniquement mais dont 4 pièces parmi les plus essentielles coûtent plus de 30 % du prix du produit pourrait obtenir une note supérieure à 8/10 avec l’indice français. Toutefois, avec la méthodologie Repairability, ce même produit obtiendrait une note de 50/100, soit la pire classe E et serait donc beaucoup plus pénalisé.
Cette approche reflète mieux la réalité selon nous : les consommateurs abandonnent la réparation lorsque le prix de la réparation devient décourageant (>30% du produit). En effet, plusieurs études ont démontré que les consommateurs réparaient rarement leurs produits lorsque le prix des pièces excédait 30 % du prix du produit neuf. C’est pourquoi la méthodologie Repairability applique une sanction importante aux produits dont les pièces essentielles dépassent ce seuil.
LONGTIME® et son logiciel Repairability ont donc choisi d’ajouter le critère du prix des pièces à leur méthodologie, renforçant ainsi la pertinence de l’évaluation. Ces initiatives prennent en compte les réalités économiques qui influencent directement les décisions de réparation.
Plus spécifiquement, dans le cadre de son label, LONGTIME® impose que le coût moyen des pièces détachées soit limité en moyenne à 25 % du prix du produit. Cela garantit une accessibilité financière et incite les fabricants à ajuster leurs prix pour obtenir une meilleure note ou pour être éligibles au label. Et cela fonctionne ! Plusieurs fabricants ont ainsi réduit le prix de leurs pièces détachées lors de notre accompagnement pour améliorer la réparabilité, c’est tout à fait réalisable.
Propositions concrètes d’amélioration communes
Nous appelons, aux côtés de la coalition Right to Repair Europe et d’autres acteurs engagés, à des mesures pour intégrer un critère lié au prix des pièces détachées dans les réglementations européennes d’écoconception et d’étiquetage énergétique. Voici quelques propositions clés :
1. Engagement sur le prix des pièces détachées :
– Le prix annoncé des pièces détachées (hors taxes) doit devenir un plafond contraignant pour les fabricants.
– Ces prix doivent être déclarés dans la documentation produit et disponibles sur un site public pour toute la durée d’approvisionnement des pièces.
– Les entreprises doivent s’assurer que ces prix restent en dessous des seuils déclarés, avec possibilité de mise à jour annuelle selon l’inflation.
2. Intégration du prix des pièces dans le score de réparabilité :
– Le prix des pièces détachées doit être inclus dans les futurs scores de réparabilité (smartphones, ordinateurs, imprimantes, etc.), français mais également européens.
– Une pondération significative (au moins 20 %) doit être attribuée à ce critère, car il influence directement la réparabilité perçue et réelle.
3. Transparence pour les consommateurs :
– Les prix des pièces doivent être accessibles de manière claire, clairement sur le site du vendeur par exemple ou via un QR code.
Le label LONGTIME® montre que l’engagement sur des prix stables et accessibles est réalisable. L’absence de régulation sur le prix des pièces peut entraîner des pratiques de greenwashing, où des produits notés « réparables » deviennent irréparables en pratique à cause de pièces trop coûteuses.
Conclusion
Pour promouvoir une réparabilité réelle et durable, il est crucial d’intégrer le prix des pièces détachées comme un critère central dans toutes les évaluations, qu’elles soient nationales ou européennes. LONGTIME® montre la voie en incitant les fabricants à revoir leur politique tarifaire et en sensibilisant les consommateurs à l’importance de ce facteur. Ensemble, nous pouvons rendre la réparation accessible à tous et promouvoir beaucoup plus encore la durabilité des produits.
Sources :
https://repair.eu/wp-content/uploads/2024/12/Feedback-R2R-on-Tumble-dryers-repair-score.pdf
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352550924000368
https://www.economie.gouv.fr/particuliers/tout-savoir-indice-reparabilite